Bonjour,
Voici une lettre que j'ai fais parvenir aux chefs de Clan à la suite de la Route de Pâques:
Sur la brèche…
Quiconque connaît un tant soit peu le mouvement scout, a remarqué que cette magnifique école de vie pensée par BP comme outil à la fraternité internationale est marquée de divisions, de schismes, de différentes affiliations… Autant de signes de discordes, de mésententes et de combats propres à une époque et à un contexte qui n’ont peut-être plus lieu d’exister lorsque les situations ont changés. L’histoire des différentes religions est marquée de ces divisions et en illustre un parallèle saisissant.
Si les idéologies peuvent se transmettre d’une génération à l’autre il est heureusement moins évident que les blessures et les rancœurs se transmettent de la même façon. Dans bien des cas, les divisions ne sont rarement que purement idéologiques. Le temps épure les motivations des hommes pour n’en faire subsister que les seules différences idéologiques. Finalement, il n’en résulte pour un groupe quel qu’il soit, que la fierté de ce qui le distingue et l’incompréhension de la raison d’être des autres et de leur richesse. Reprenant le parallèle avec la religion, on pourrait dire que Dieu est un mystère que chaque religion éclaire d’un point de vue différent. Un peu comme un groupe de personne qui regarderait un objet placer en son centre. Chacun n’en voit qu’une face. Tous peuvent témoigner de la réalité (ou de la vérité) de l’objet mais sans en avoir une perspective totale. C’est l’objet qui uni le groupe et c’est le partage des différentes perceptions qui fais la richesse de la relation entre les personnes.
Le mouvement scout québécois est morcelé. Parfois les différences idéologiques et méthodologiques sont contrastées, d’autres fois non. Dans un monde comme le notre, il est de plus en plus difficile de justifier des clivages et des positions fermes qui relève davantage de luttes fratricides.
Et nous avons eu la Route de Pâques 2007. Une route organisée par un clan hybride. Une route organisée par des personnes qui, si elles portent tous la même couleur de foulard, ont une histoire personnelle et de groupe teinté de différentes affiliations. Cette Route de Pâques 2007 marque un jalon important vers un œcuménisme scout. En proposant aux routiers et guides ainées, en proposant aux ainés du mouvement de se tenir sur la brèche, nous sommes sollicités tous individuellement à faire preuve de bonne volonté. Aujourd’hui nous, ainées du mouvement, avons la responsabilité et le devoir moral de partager notre richesse et d’accueillir celle de l’autre. Les rapprochements, le partage, la fraternité peuvent être des réalités que vivent les personnes, pas les structures ou les institutions. C’est d’abord par les relations que nous établirons entre nous, par les occasions de travailler ensemble et par la reconnaissance de notre bonne volonté mutuelle que nous ferons de notre mouvement un véritable vecteur de paix. Ce ne sont pas les protocoles et les aménagements institutionnels qui sont les premier pas vers la fraternité.
Depuis trois ans, les Routes de Pâques témoignent d’une vie qui fait son chemin. Un peu comme le lichen qui se développe sur la roche. Un peu comme cette racine qui cherche la bonne terre et l’eau. À ces Routes de Pâques, nous voyons des gens de différentes allégeance se côtoyer et s’invité. On peut facilement voir où il y a de la vie et où il n’y en a pas. Nous tenir sur la brèche ce n’est pas seulement faire preuve de bonne volonté mais c’est aussi, à l’exemple de l’image du chevalier, un engagement personnel à être vigilant et à saisir toutes les occasions de fraternité et d’ouverture à l’égard de tous nos frères scouts. En vivant de cette façon notre quatrième article de la loi, nous contribuons à faire progresser notre mouvement.
Merci aux organisateurs de cette Route de Pâques 2007 qui ont profité de ce temps liturgique marquant la résurrection pour nous proposer un défi à la hauteur des aspirations de notre mouvement. Merci à ces hommes et ces femmes qui préparent les mentalités patiemment depuis des années. Merci à l’avance à vous tous qui accepterez vaillamment de vous tenir sur la brèche. Vous êtes l’espoir du scoutisme.
Denis Bérubé c.c.
10e St-Christophe